Le fait de vieillir

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Je vieillis. Comment je le vois ? Je me suis arrêtée devant une fleur à la caisse d’un magasin et je l’ai trouvée jolie. Je me suis demandée où je pouvais la replanter, si elle allait se plaire et si elle allait pousser et non mourir à l’endroit où je la planterais éventuellement. Je l’ai sentie, regardée et je l’ai laissée à la caisse du magasin. Car je savais que ce n’était pas le moment de replanter des fleurs à cause de la sécheresse et du temps estival du moment.

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Avant que je devienne vieille, rien de tout cela ne m’intéressait. Les fleurs à repiquer, à planter ou les fleurs d’intérieur, je ne les regardais même pas. Je ne pensais pas à embellir les extérieurs de la maison, ça ne me traversait pas l’esprit. Pourquoi ? Parce que j’étais plus jeune et que je n’avais que faire des fleurs, de la maison ou de ses extérieurs. Tout cela change avec le temps et cela m’effraie fortement.

Je me soucie de l’aspect extérieur de la maison mais pas seulement, je me soucie de l’intérieur, de la décoration, de la couleur des murs que je pourrais repeindre, de l’entretien du feu qui est bientôt à faire, du ménage qui est à faire tous les jours, de la porte d’entrée qu’il va falloir repeindre, des fenêtres qu’il faut de nouveau nettoyer,… Je me soucie de tout, de l’endroit où je vis, et ce, pour le bien être de ma famille et le mien.

Je suis déjà allée chez des amis en regardant la déco et en me disant « Mais pourquoi je n’ai pas la même chose chez moi ? Pourquoi je n’arrive pas à faire ou à trouver de belles choses de ce genre ? ». Je rentre chez moi et je trouve donc mon intérieur correct, mais pas beau. Je voudrais qu’il soit beau, agréable, alors je fonce faire les magasins mais je ne trouve rien qui me plaît. Et comme je ne vais pas copier la décoration déjà vue, je reste avec mon intérieur pourri. Mais je continue à faire les magasins. Et vous savez bien, que c’est lorsque l’on ne cherche pas que l’on trouve. Donc, petit à petit, découverte après découverte, je trouve ce qui me plaît et ce qui me fait envie. En faisant le tri dans la déco, j’arrive à créer quelque chose de beau et d’agréable comme ambiance, ajoutons-y une bougie parfumée et je suis une femme comblée !

Ne sonnez pas à la porte d’entrée de la maison à 22h, je serais en train de repeindre un meuble ou une porte intérieure. Car oui, j’aime peindre ! Encore une preuve que la vieillesse me gagne petit à petit. Pourquoi à 22h ? Car le plus souvent, cela me prend comme ça, j’ai une envie soudaine de repeindre. L’idée a germé dans mon cerveau en m’imaginant quelle couleur il me restait à la maison, le mélange éventuel que je pourrais faire et ce que ça pourrait évidemment donner. Si ça me plaît (dans ma tête), je suis déjà en train de chercher le pinceau.

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Je cherche donc constamment à rendre l’endroit où je vis agréable, joli et intéressant à découvrir. Parce que j’aime recevoir la famille et les amis à la maison et je voudrais qu’ils se sentent comme chez eux. Avant qu’ils n’arrivent, le ménage est fait, le repas est prêt à être mis au four, le lieu de vie a été aéré, tout est prêt. Je ne voudrais pas qu’ils aient mal mangé ou qu’ils trouvent la maison sale. Car oui, je me préoccupe de l’avis de mes invités, bien sûr.

J’espère que les chats se plaisent à la maison. Les poules pondent et picorent, elles ont donc l’air de se plaire, je me demande où je pourrais leur trouver des amies en plus. Je réfléchis même à l’idée de prendre un poney car j’ai vu qu’il y avait de belles balades à faire dans la région. 

Oui, je me suis renseignée sur les ravel, chemins ou sentiers de ma région plutôt que de me renseigner sur le bar ou la boîte de nuit la plus proche. Je cherche également un bon dentiste dans la région ainsi qu’un bon vétérinaire. Bientôt, il n’y en a plus pour longtemps, je chercherais un bon kinésithérapeute et une bonne coiffeuse pour mes permanentes.

Je sais que je vieillis car je suis capable d’hurler, depuis la fenêtre de l’étage, sur des jeunes bruyants dans la rue qui m’empêchent de dormir car ils rigolent, parlent fort et mettent leur musique fort grâce à leur baffle glissé dans le sac à dos. Et tout ceci à minuit, il y a longtemps que je suis couchée avec mon roman ouvert à la page cornée de la veille et que j’essaie donc de me reposer et de doucement plonger dans le sommeil. Si c’est possible de ne pas déranger mamy, merci !

Je vieillis et je ne m’y fais pas. Je le vois un peu plus tous les jours, mon comportement se modifie peu à peu et mes goûts changent. Il m’arrive de ne plus me reconnaître. Je détestais les poireaux étant plus jeune, mon assiette du midi non terminée, à coup sûr, m’était resservie le soir même. Et lorsque je regoute des poireaux maintenant, non seulement je trouve cela bon mais en plus j’arrive à sortir LA phrase « ça manque un peu de noix de muscade, non ? ». J’étais FAN absolue de la couleur rose, mon cartable était rose, ma trousse était rose, mon stylo, ma parure de lit, mes vêtements, les nœuds dans mes cheveux, jusqu’à mes lunettes ! Aujourd’hui, ça s’est bien atténué, mes lunettes sont mauves. J’aime toujours la couleur rose mais plus pour tout, cela se limite aux vêtements et à quelques stylos billes. J’ai grandi.

J’arrive maintenant à réfléchir de manière plus posée, je suis plus organisée, je suis plus entreprenante et motivée que jamais. J’essaie de construire mon avenir du mieux que je le peux. Je l’envisage de toutes les manières possibles car tout est encore possible.

Je vais d’ailleurs créer une petite liste des choses que je voudrais faire avant de me retrouver sous terre, comme : un vol en montgolfière, une séance de parapente, une séance de ski nautique,… Pourquoi pas, après tout ? Ce n’est pas parce que je vieillis que je ne peux plus rêver et qui sait, peut-être que ça me plaira et que j’en demanderais plus. 

Le corps vieillit oui et les petites manies arrivent avec les cheveux blancs et les bougies en plus sur le gâteau d’anniversaire. Mais l’esprit, lui, peut rester jeune et farouche. Il est tout à fait contrôlable, c’est vous qui le gérez ! Sortez, dansez, rigolez, buvez, sautez ! De toute façon, l’instinct de survie vous empêchera d’en faire trop. Quand vous entendrez un genou craquer, vous ralentirez la cadence, c’est instinctif. Alors, munissez-vous de vos genouillères, de vos lunettes de vue et peut-être de quelques anti-douleurs (on ne sait jamais) et on se donne rendez-vous samedi soir prochain, c’est ma tournée !

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