Mon père s’est préparé à mourir

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Un jour, mon père a ressenti des picotements ainsi que des points de douleur dans la poitrine. Il n’y a jamais vraiment prêté attention et a laissé aller sa douleur pendant un an. Cette année passée, ne me demandez pas pourquoi, il a tenu à se rendre chez son médecin généraliste afin de subir plusieurs examens. Une fois ces examens faits, un rendez-vous a été pris auprès d’un spécialiste.

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Le verdict du docteur a été très net : « Monsieur, c’est très grave, il faut vous faire opérer le plus vite possible, si vous ne le faites pas, il est possible que vous mourriez, dans un mois, dans un an, comme demain ». Mon père n’a jamais appris pareille nouvelle et s’est donc effondré. Il a pleuré toutes les larmes de son corps, je ne l’ai d’ailleurs jamais vu ainsi. La date de l’opération était fixée. Elle consistait à passer par le poignet et aller mettre des écarteurs dans les artères du cœur pour ainsi faciliter le passage du sang.

L’opération se déroule mal. « Tout est bouché, ça n’ira pas, on ne sait rien faire » entend mon père. Les chirurgiens n’ont pas la possibilité de poser des écarteurs, les artères sont complètement bouchées. Il en possède 4 au lieu de 3 artères normalement et les 4 sont bouchées. Il faut agir d’urgence, cela nécessitera donc une opération beaucoup plus importante : une opération à cœur ouvert ! Mon père apprenant cela, son monde s’effondre… Il ne s’imaginait jamais un scénario pareil, il n’aurait jamais pensé à cela. De retour à la maison, s’ensuit une longue attente. Il attend, attend et attend encore le coup de fil du cardiologue lui communiquant la date de l’opération. En attendant ce jour fatidique, cet homme se réjouit chaque matin en se réveillant et en constatant qu’il est encore parmi nous.

Ça y est, l’appel est passé, la date est fixée. Le jour-J approche, le stress et l’impatience augmentent encore. « Dans 4 jours, je suis mort » était sa phrase prononcée qui m’a fait le plus de mal. Je le revois, mon petit papa dans la voiture côté passager assis à côté de ma chère maman, les yeux remplis de larmes. Il avait prévenu tout le monde de son état, l’avait dit à tous ses amis et connaissances. Il nous avait donné plusieurs tâches à accomplir et plusieurs instructions à suivre pendant son absence. Il s’est préparé à mourir.

Le jour de l’opération tous ses proches et moi-même sommes morts d’inquiétude. Est-il toujours en vie ? Est-il toujours parmi nous ? Nous a-t-il quitté comme il l’avait prédit, comme il l’avait pensé ? En soirée, le verdict tombe, tout s’est bien passé, il se réveillera tout doucement cette nuit-là. Nous sommes tous soulagés. S’ensuivent bon nombre de prises de nouvelles et d’inquiétudes sur son état. Certes, elles ne sont plus si importantes car tout va bien, suivra la rééducation cardiaque ainsi que du repos.

Pendant une semaine, ma mère a fait des trajets aller-retour tous les jours afin de lui rendre visite, tout doucement et chaque jour un peu plus, le stress et la fatigue la gagnaient. À la fin de cette semaine éprouvante, bonne nouvelle : papa peut sortir de l’hôpital et rentrer à la maison.

Nous allons le chercher, avec maman, il sort de cet hôpital, les yeux remplis de larmes, et me murmure « je suis vivant, je suis vivant ».

Ma réponse fut : « Oui papa, tu es vivant, je t’aime tellement »

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